Luang Prabang, un poisson d'avril pas comme les autres
- Albert DANG
- 6 avr. 2017
- 3 min de lecture

En général, quand je travaillais au musée du Louvre, je me réjouissais toujours de l’arrivée de fin mars et du début d'avril, car se préparait une suite de jours fériés qui permettaient de gagner plus de sous quand on était volontaire pour travailler les jours majorés; ensuite au Louvre, c'est une vraie tradition de fêter le poisson d'avril parmi les 3 000 collègues, l'environnement devenait bon enfant, et parfois les visiteurs pouvaient devenir des victimes consentantes de nos poissons d'avril.
Cette année, le changement de décor est quasi-radical : fini les sous en plus, bien au contraire, je venais de dépenser plus de 550 dollars pour un aller-retour Saigon - Luang Prabang hors de prix, où je m’arrête une fois à Paksé après un vol de 1 heure, une autre fois à Ventiane pour plus de 2 heures de transit et après 45 minutes de vol, et enfin Ventiane - Luang Prabang a duré à peine 45 minutes! Autant vous dire qu'en Europe j'aurais fait Saigon - Luang Prabang en 1 heure 20 pour 30 euros avec Ryan Air, et sans devoir payer un visa (45 dollars)! Bref mardi 28 mars, je suis parti de Saigon à midi, et je ne suis arrivé qu'à 18h ici!

Mais ả l’arrivée, quelle surprise! Mon agence chez qui je vais faire mon stage, NAGA EXPRESS TRAVEL, est venu me chercher à l’aéroport, m'a conduit dans une guesthouse tout confort et avec un bon prix, à 5 minutes à pied de là où je travaillerais tous les jours, enfin pendant 137 jours en calculant bien. Sachez que les meilleures chambres sont celles les plus fraîches, et en général la fraîcheur naturelle d'une chambre se juge à l'absence de fenêtre. Moi qui adore regarder le ciel le matin et le soir, cela ne me rendait pas totalement heureux de vivre à la lumière artificielle du néon. J'allais le lendemain renégocier une belle chambre à l’étage avec 2 grandes fenêtres qui donnent sur ces vues typiques d'ici : des palmiers et des bananiers. Mais pour l'heure, je meurs de fin, et dehors il fait déjà nuit, et mes collègues m'ont laissé m'installer tranquillement et sont partis.

C'est là que commence la vraie aventure : les premières heures, de nuit, dans un pays étranger, dont je ne parle pas la langue, pour chercher à manger, enfin quelque chose de la cuisine locale que j'arriverais à manger, et pour faire taire ce ventre qui crie famine. J'ai beau faire les alentours de la guesthouse, très peu de boui-boui appétissants qui n'aient pas attiré les mouches ou autres insectes volants à cause de la lumière. Je décide de m'aventurer bien plus loin (un bon kilomètre), et j'arrive du coup à un grand marché avec une profusion de nourritures, de bruits, d'achalandages, qui font tourner la tête et vous laissent démuni.
Et sans trop réaliser pourquoi j’étais au milieu de tout cela, à cause peut-être de la fatigue des vols d'avion, de cette longue journée, de l’épreuve du changement de pays, soudain je me jette tête baissée sur de la poitrine croustillante grillée de porcin, avec très peu de viande à manger, très grasse mais très bien masquée par la lumière de lanterne du stand, avec laquelle j'accompagne de riz gluant, le riz local des Laotiens.

Eh bien je crois n'avoir jamais mangé quelque chose qui soit aussi délicieux que ce dîner de secours pour ma première aventure culinaire laotienne 2017, et qu'au lieu de savourer le poisson d'avril comme tous les ans, j'ai dégusté un porcinet d'avril digne de la cuisine laotienne, digne de ce qui allait être une belle errance gustative à venir, une cuisine succulente et surprenante.
Ces premières heures avec Luang Prabang s'inscrivent déjà comme un souvenir inoubliable de ma longue histoire avec cette destination magique, qui ne fait que commencer et qui contient en perspective des découvertes étonnantes et des saveurs deroutantes.
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